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Les restrictions d’exportation d’IA imposées par les Etats-Unis jugées inapplicables
Des experts ont vivement critiqué les dernières mesures de contr?le des exportations de modèles et de puces d’intelligence artificielle (IA) mises en place par l’administration du président américain sortant Joe Biden, les qualifiant d’inapplicables et de contre-productives par rapport aux objectifs déclarés des Etats-Unis en matière de protection de la sécurité nationale et de maintien de leur position dominante dans le domaine de l’IA.
Alors qu’elle approche de la fin de son mandat, l’administration a dévoilé la semaine dernière sa règle finale provisoire (Interim final rule) pour la mise en place d’un ? cadre de contr?le des exportations pour la diffusion de l’intelligence artificielle ?. Si ce cadre vise à préserver la sécurité nationale des Etats-Unis en limitant l’exportation de puces électroniques et de technologies d’IA avancées vers des concurrents stratégiques, en particulier la Chine, son impact potentiel sur la compétitivité des Etats-Unis sur le marché mondial a suscité un vif débat.
Cette nouvelle réglementation, qui est entrée en vigueur le 13 janvier, prévoit un délai de grace pour la mise en conformité jusqu’au 15 mai. Le cadre établit un système de contr?le des exportations à plusieurs niveaux, avec seulement 18 économies ? de confiance ? désignées comme étant de ? niveau 1 ? et exemptées de plafonds d’exportation stricts. Ce groupe restreint comprend des alliés proches des Etats-Unis, tels que le Royaume-Uni, le Japon et l’Allemagne.
La désignation ? niveau 2 ? englobe la majeure partie du monde, incluant des partenaires proches des Etats-Unis, comme Isra?l, Singapour, le Brésil, l’Inde, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Ces nations sont confrontées à des restrictions importantes, avec des limites strictes et spécifiques à chaque pays sur les importations de puces électroniques. La Chine fait partie de la catégorie la plus restrictive, dite ? de niveau 3 ?, que les Etats-Unis considèrent comme des ? adversaires ?.
Cette réglementation affecte particulièrement l’exportation de puces de traitement graphique, qui sont essentielles pour alimenter les applications d’intelligence artificielle de pointe, y compris les grands modèles de langage. Les experts du secteur avertissent que le vaste champ d’application du cadre et l’absence de mesures ciblées pourraient nuire à la compétitivité des Etats-Unis dans le domaine de l’IA, affaiblir le leadership mondial des Etats-Unis en matière de politique numérique et créer des opportunités pour les fabricants étrangers de puces d’IA de s’emparer d’une plus grande part de marché.
? C’est bien gentil, mais ?a ne fonctionne pas vraiment. Nous le savons par expérience ?, a déclaré James Andrew Lewis, vice-président senior et directeur du Programme des technologies stratégiques au Centre d’études stratégiques et internationales.
S’exprimant lors d’un séminaire en ligne organisé jeudi dernier par la Fondation pour la technologie et l’innovation (ITIF), M. Lewis a affirmé que si l’objectif était d’entraver le développement de l’IA en Chine, ce cadre ne fonctionnerait pas. Remettant en question les objectifs fondamentaux de cette mesure, il a suggéré que l’accent devrait être mis sur ? l’obtention de la plus grande part de marché possible pour les entreprises américaines ?, plut?t que d’essayer de contraindre la Chine.
Ken Glueck, le vice-président exécutif d’Oracle, partage ces préoccupations, estimant que cette nouvelle réglementation risquait de favoriser l’émergence d’une nouvelle concurrence étrangère pour les entreprises américaines et qualifiant ce ? système arbitraire de répartition du marché ? de ? tout simplement irréalisable ?.
Source:www.tsbeehall.com |