Le long r?gne du servage f?odal a gravement entrav? le d?veloppement des forces productives du Tibet, de sorte que l'?conomie de cette r?gion est depuis longtemps affect?e d'un retard extr?me. Le labour et le battage se faisaient principalement ? l'aide de yacks. Dans certains endroits, on pratiquait encore une culture sur br?lis primitive. En 1952, le rendement c?r?alier par mu (un mu = 1/15 ha) n'?tait au Tibet que de 80 kg, et la quantit? de grains disponibles par habitant de 125 kg. L'?levage d?pendait de la nature, les catastrophes naturelles causaient souvent la mort d'une grande quantit? de bestiaux. En 1952, il n'y avait que 9,74 millions de b?tes de b?tail dans l'ensemble de la r?gion. Dans l'ancien Tibet, l'artisanat ?tait t?s arri?r?, ? plus forte raison donc l'industrie moderne. Le transport des marchandises et du courrier se faisait ? dos d'homme et de bestiaux. Sur la rive Yarlung Zangbo qui traverse le Tibet, il n'y avait pas un seul pont, ? l'exception de quelques ponts flottants construits sous la dynastie des Ming. Faute de routes, on fut oblig? de d?monter la voiture offerte par un Britannique au Dalai Lama afin de la faire porter ? Lhasa par des yacks. Dans l'ancien Tibet, on connaissait une grave p?nurie d'?nergie; ? la veille de la lib?ration en 1950, il n'y avait qu'une seule centrale hydro-?lectrique d'une capacit? de 125 kW, qui fournissait seulement par intermittence. Par suite du retard ?conomique et de l'exploitation cruelle par les propri?taires de serfs, la grande masse des gens se trouvait dans une situation extr?mement mis?rable. Rien qu'? Lhasa, capitale du Tibet, o? il y avait seulement un peu plus de 20 000 habitants avant la r?forme d?mocratique, on pouvait trouver un millier de tentes, dress?es autour de la ville, habit?es par des pauvres et des mendiants. Les prisons n'offraient pas de nourriture aux prisonniers qui, les menottes aux poignets et la cangue au cou, mendiaient de porte en porte, et partout des gens mouraient de faim et de froid.

La r?forme d?mocratique a consid?rablement mobilis? l'ardeur des paysans et des ?leveurs ? la production. Ces 40 derni?res ann?es, et en particulier ces dix derni?res ann?es, depuis la mise en ?uvre de la politique de r?forme et d'ouverture, la population tib?taine, soutenue par le gouvernement central et le pays entier, d?veloppe la production et d?ploie tous ses efforts pour se sortir de la pauvret?, si bien que toute la soci?t? tib?taine a connu un ?norme changement.

L'agriculture et l'?levage occupent la place la plus importante dans la vie ?conomique du Tibet. Au d?but de la r?forme d?mocratique, les autorit?s centrales et les instances locales du Tibet avaient d?j? formul? une s?rie de principes politiques et de mesures conformes ? la r?alit? locale pour d?velopper l'agriculture et l'?levage, et avaient accord? ? cet effet une aide consid?rable dans les domaines financier et mat?riel, ce qui a permis d'?lever sensiblement le niveau de la production agricole et de l'?levage. La production de c?r?ales est pass?e de 180 tonnes en 1959 ? 315 en 1966, soit une augmentation de 8,3% en moyenne par an; le b?tail, quant ? lui, est pass? de 9,556 ? 18,175 millions de t?tes, soit une augmentation de 90,2%; et les conditions de vie de la population ont commenc? ? s'am?liorer.

A partir de 1980, le gouvernement central a exempt? les paysans et les ?leveurs tib?tains d'imp?ts sur l'agriculture et sur l'?levage. En 1984, il a d?cid? non seulement de continuer ? exon?rer d'int?r?ts les cr?dits ? l'agriculture et ? l'?levage, mais aussi de ne plus demander le remboursement des pr?ts accord?s aux collectivit?s pour la construction d'ouvrages hydrauliques ou l'achat de machines agricoles. Dans les r?gions agricoles et d'?levage, on a mis en pratique le syst?me de responsabilit? dans la production sous des formes multiples, en particulier le syst?me de contrats sign?s avec les familles, on a ?galement d?velopp? les occupations familiales d'appoint, restaur? les march?s ruraux et entrepris, sur une vaste ?chelle, des travaux d'infrastructure concernant l'agriculture et l'?levage. Avant la Lib?ration, il n'y avait gu?re de machines agricoles ni d'engrais chimiques au Tibet. Aujourd'hui, cependant, les paysans se sont mis ? acheter des tracteurs. L'am?lioration des outils de production et le recours aux sciences et techniques ont permis un d?veloppement g?n?ralis? de la production. En 1991, la valeur de la production agricole du Tibet a ?t? de 2 046 millions de yuans, soit 3,4 fois plus qu'en 1952; la production c?r?ali?re a ?t? de 580 tonnes, et le rendement par mu de 224 kg, soit respectivement 2,7 et 1,8 fois plus qu'en 1952. Bien qu'en 1991 la population tib?taine ait doubl? par rapport ? 1952, la quantit? de c?r?ales disponibles en moyenne par habitant a ?t? de 290,5 kg, soit 1,2 fois plus qu'en 1952. La production de produits animaux a augment? dans une forte proportion; en 1991, la production de viande a ?t? de 91 000 tonnes, et celle de lait de 177 000 tonnes.

Ce n'est qu'apr?s la r?forme d?mocratique que l'industrie moderne a fait son apparition au Tibet. En 1965, on y avait cr?? 80 entreprises industrielles sp?cialis?es dans les domaines suivants: le b?timent, l'?nergie ?lectrique, la r?paration automobile, l'exploitation foresti?re, la tannerie, le borax, le charbon, etc., qui employaient une dizaine de milliers de personnes, et la valeur de la production industrielle a atteint cette ann?e-l? 28,83 millions de yuans. Le gouvernement a accord? une grande attention au d?veloppement de l'artisanat local. En 1965, ce dernier comptait 33 branches, et la valeur de sa production annuelle ?tait pass?e de 1,24 million de yuans avant la r?forme d?mocratique ? 8,9 millions de yuans, soit une multiplication par 6,2. Le Tibet est une des r?gions de Chine les plus pauvres en ressources ?nerg?tiques; il manque de p?trole et de charbon; en vue de rem?dier ? cette situation, on a construit en 1956 une centrale ?lectrique ? Lhasa. Il s'agit de la premi?re entreprise d'?nergie ?lectrique d'utilit? publique du Tibet. Ce dernier est riche en ressources g?othermiques. Avec la mise en service de la plus grande centrale g?othermique de Chine construite ? Yangbajain gr?ce ? des investissements de l'Etat, la capacit? install?e des g?n?rateurs au Tibet a atteint 140 000 kW en 1991 et la production annuelle d'?lectricit?, 400 millions de kW. A l'issue de 40 ans d'efforts, le Tibet poss?de actuellement plus de dix industries modernes: production d'?nergie ?lectrique, extraction de minerais, mat?riaux de construction, exploitation foresti?re, filature de la laine, imprimerie, denr?es alimentaires, etc.; les entreprises d'Etat emploient 51 000 personnes. La valeur de la production industrielle a ?t? de 403 millions de yuans en 1991, soit 4,3 fois plus qu'en 1959. La valeur de la production de l'artisanat local s'est ?lev?e ? 46 millions de yuans, soit 8 fois plus qu'en 1980.

Dans le pass?, il n'y avait pas une seule route digne de ce nom au Tibet. Apr?s la Lib?ration pacifique, les premi?res constructions de grande envergure r?alis?es furent les routes menant du Sichuan ? Lhasa et du Qinghai ? Lhasa., routes construites dans des r?gions montagneuses ? une altitude moyenne de 3 000 m?tres. La route Sichuan-Tibet est longue de 2 413 km, et la route Qinghai-Tibet de 2 122 km. Par la suite, on a construit les routes principales Xinjiang-Tibet et Yunnan-Tibet, Chine-N?pal. A l'heure actuelle, on compte 15 routes principales et 315 routes secondaires, soit un r?seau de 21 842 km dans l'ensemble du Tibet. La route dessert maintenant tous les chefs-lieux de districts et 77% des cantons, ? l'exception de Medong situ? dans des montagnes ?loign?es. Afin d'aider le Tibet ? surmonter les difficult?s d'approvisionnement en combustibles, l'Etat a financ? la construction d'un ol?oduc de Golmud au Qinghai ? Lhasa, d'une longueur de 1 080 km, qui contribue ? garantir l'approvisionnement en ?nergie du Tibet et son d?veloppement ?conomique. Pour r?pondre aux besoins de l'ouverture du Tibet au monde ext?rieur, apr?s la ligne a?rienne Lhasa-Beijing en 1956, on a ouvert successivement des lignes a?riennes de Lhasa ? Chengdu, Xi'an, Lanzhou, Shanghai et Guangzhou ainsi qu'une ligne a?rienne internationale de Lhasa ? Katmandou au N?pal.

Dans l'ancien Tibet, il n'y avait pas du tout de science et de technologie modernes. Apr?s la r?forme d?mocratique, on a cr?? des institutions de recherches en agriculture, ?levage, communications, ?nergie ?lectrique, b?timent, g?ologie, hydraulique, m?t?orologie, sant? publique, m?decine et pharmacop?e tib?taines, ?ducation etc., et on a form? aussi un grand nombre de scientifiques et techniciens tib?tains. L'Acad?mie des sciences sociales de la r?gion autonome du Tibet a ?t? fond?e en 1985. Actuellement, le Tibet compte 17 institutions de recherches sp?cialis?es, qui emploient 26 900 sp?cialistes dans diff?rents domaines. Au cours des 40 derni?res ann?es, 347 r?alisations scientifiques et techniques ont obtenu des prix d?cern?s par la r?gion autonome. L?-dessus, 21 acquis comme "l'exploitation et l'usage d'ensemble de l'?nergie solaire au Tibet" ont remport? des prix d'Etat.

Les sommets enneig?s, les monast?res c?l?bres et les sites historiques du plateau du Tibet attirent un grand nombre d'exploirateurs et de touristes. Avec l'ouverture sur l'ext?rieur du Tibet, le tourisme commence ? se d?velopper. Actuellement, le Tibet compte 11 agences touristiques, 19 h?tels ouverts aux ?trangers avec 3 600 lits, et plus de 60 sites pittoresques. De 1980 ? 1991, il a accueilli 150 900 touristes ?trangers.

Gr?ce ? 40 ans d'efforts, le niveau de vie des Tib?tains s'est sensiblement am?lior?, les probl?mes de nourriture et d'habillement ont ?t? r?solus pour la grande majorit? des payans et des ?leveurs, et un certain nombre d'entre eux se sont d?j? enrichis. Le revenu net des paysans et des ?leveurs de la r?gion a ?t? en moyenne de 455 yuans par personne en 1991, compte tenu de la hausse des prix; il a ainsi ?t? 1,6 fois sup?rieur ? celui de 1979 (159 yuans). Le revenu annuel des 75 familles du village de Zhuju, dans le district de Yadong situ? au pied de l'Himalaya a ?t? de 361 600 yuans en 1986, 74 familles de ce village ont construit de nouvelles maisons. Le revenu annuel des citadins a ?t? de 2 120 yuans en moyenne par personne, soit 2,3 fois plus qu'en 1981. A la fin de 1991, le montant des ?pargnes dans les villes et bourgs a ?t? de 492,4 millions de yuans, soit une augmentation de plus de 500 fois par rapport ? 1959. Les familles d'agriculteurs et d'?leveurs poss?dent d?j? une quantit? non n?gligeable de moyens de production: 6 021 yuans de biens immobiliers ? usage productif et 75 t?tes de b?tail en moyenne par famille; 9 automobiles, 6 tracteurs grands ou petits, 3 batteuses ? moteur et 12 voitures ? cheval en moyenne pour cent familles.

La consommation en nature des paysans et des ?leveurs a augment? dans une forte proportion par rapport ? avant la Lib?ration. En 1991, la consommation moyenne de c?r?ales par habitant ?tait de 183,6 kg, celle d'huile de 3,6 kg, celle de viande de 14,7 kg et celle de lait de 50 kg. M?me s'ils restent fid?les ? leur r?gime traditionnel, la structure de leur consommation alimentaire tend ? se diversifier, avec une consommation croissante de l?gumes, de volaille, d'?ufs, de vin, de friandises et de g?teaux.

L'habitat a ?galement connu une am?lioration ?vidente. Selon les statistiques de l'ancien gouvernement du Tibet, sur le million d'habitants que comptait le Tibet en 1950, 900 000 n'avaient pas de logement. A l'heure actuelle, toutes les familles ont un logement fixe, ? l'exception de celles qui habitent dans des r?gions d'?levage. En 1991, la superficie de logement des citadins a atteint 13,7 m2 par habitant. Dans le district de Gyangze de la pr?fecture de Xigaze, 80% des 56 700 habitants ont emm?nag? dans de nouveaux logements, et la superficie de logement en moyenne par habitant est de 40 m2.

Le mode de vie traditionnel des Tib?tains tend ?galement ? se moderniser. Selon une enqu?te sur ?chantillons, pour cent m?nages citadins on compte 212 v?los, 88 t?l?viseurs couleur, 84 magn?tophones, 42 machines ? laver, 24 r?frig?rateurs et 26 appareils photographiques. Gr?ce au d?veloppement des diverses institutions culturelles, la vie spirituelle et culturelle des Tib?tains s'enrichit de jour en jour.

Du fait des conditions naturelles extr?mement d?favorables et de l'?tat de d?veloppement social extr?mement arri?r?, le niveau de d?veloppement ?conomique et de vie des Tib?tains reste aujourd'hui encore inf?rieur ? la moyenne du pays. En 1989, les autorit?s de la r?gion autonome du Tibet ont formul? une "strat?gie de d?veloppement ?conomique et social du Tibet", selon laquelle le Tibet doit s'ouvrir aux autres r?gions du pays et ? l'?tranger, d?velopper les march?s ? l'int?rieur de la r?gion et exploiter les possibilit?s d'acc?s aux march?s int?rieurs et ext?rieurs du pays, mettre en valeur les ressources naturelles et d?velopper en priorit? les r?gions et les industries cl?s, cela afin de r?duire au plus vite l'?cart de d?veloppement ?conomique entre le Tibet et le reste du pays et de jeter une base solide pour la prosp?rit? commune de la communaut? tib?taine et des autres communaut?s du Tibet.