Situ?e ? l'extr?mit? ouest de la province du Gansu, Dunhuang ?tait la voie n?cessaire permettant d'atteindre la passe de Yumen et celle de Yangguan. Entre le mont Congling, ? l'ouest, et le corridor Hexi, ? l'est, Dunhuang ?tait une passe strat?gique et difficile d'acc?s. Les conditions naturelles y ?taient toutefois tr?s favorables. Les terres ?taient fertiles et les produits, abondants. Dunhuang ?tait une oasis dans le d?sert. En 111, la ville fut transform?e en pr?fecture. Pendant longtemps, Dunhuang a ?t? non seulement une passe strat?gique importante dans l'Ouest de la Chine, mais encore une m?tropole sur le plan des ?changes avec l'?tranger. D'apr?s L'ancien livre des Tang, sous le r?gne de Tianbao (742-756) des Tang, Dunhuang abritait 116 200 habitants, soit presque le m?me nombre qu'aujourd'hui. Ceci permet de constater la prosp?rit? d'alors de cette ville. Aujourd'hui, les grottes de Mogao attirent quantit? de visiteurs gr?ce ? leur riche patrimoine culturel.

La route de la Soie ?tait non seulement la voie obligatoire pour les commer?ants orientaux et occidentaux, mais aussi une voie pour les ?changes culturels. Passe strat?gique sur la route de la Soie, Dunhuang ?tait la douane pour les marchandises ?trang?res vers la Chine et le poste le plus avanc? des ?changes culturels entre la Chine et l'?tranger. Au fur et ? mesure qu'entraient des commer?ants et des envoy?s diplomatiques, le bouddhisme est aussi apparu ? Dunhuang. Les premi?res grottes portaient des empreintes de l'?tranger. Lorsqu'on examine les fresques et les sculptures dans ces grottes, on s'aper?oit que Dunhuang, grandement influenc?e par la culture du bassin des cours moyen et inf?rieur du fleuve Jaune, pr?sentait alors une culture brillante et des innovations constantes gr?ce aux contacts avec la culture ?trang?re. Cela permet de comprendre davantage que la sinisation de l'art bouddhique s'amor?a d?s son entr?e en Chine. Au d?but, on a accept? cet art de fa?on passive, mais peu ? peu, on a pris l'initiative de s'y int?resser. ? cette ?poque, certains moines v?n?rables ne se sont pas satisfaits de la traduction en chinois des canons bouddhiques faite gr?ce ? l'ouverture de la route de la Soie. Ils sentaient profond?ment que la traduction ne permettait pas une compr?hension totale de ces canons. C'est ainsi que certains d'entre eux d?cid?rent de se rendre en personne dans l'Ouest pour obtenir les vrais canons, ce qui ouvrit la porte aux ?changes culturels avec l'?tranger.

Sous la dynastie des Sui (581-618), la puissance ?conomique de l'?tat s'est renforc?e, le niveau d'aisance de la soci?t? a augment?. L'empereur Wendi des Sui accepta avec joie le titre bouddhique de " roi des bodhisattvas " et l'empereur Yangdi fut consid?r? comme le sup?rieur de bronze. Tout cela a jet? les bases au creusement des grottes ? Dunhuang et en a fourni la garantie mat?rielle. Plus particuli?rement, ce creusement satisfaisait aux besoins de la vie religieuse des diplomates ?trangers, des soldats en exp?dition et des caravanes de marchands d?sireux d'implorer les dieux pour la s?curit? face aux rigueurs de la nature. ? cette ?poque, les bouddhas et les bodhisattvas ?taient magnifiquement orn?s. On peut voir des apsaras planant dans le ciel et mille bouddhas peints parfaitement conserv?s. Une fresque montre clairement le long et difficile voyage des marchands qui s'occupaient de transporter des soieries vers l'?tranger: on fait une pri?re et on fait boire les chameaux avant le d?part; la caravane de marchands affronte le danger; certains tombent dans l'ab?me et des marchandises se perdent; d'autres subissent un pillage de bandits et toutes sortes de difficult?s sont cr??es par des soldats f?odaux.

Les artistes ont d?cor? les v?tements et les robes des bouddhas et des bodhisattvas des motifs des brocarts traditionnels. Encore aujourd'hui, dans les grottes n? 492, n? 419 et n? 427, on peut admirer les motifs des soieries en vogue ? l'?poque des Sui, de m?me qu'un grand nombre de marchands perses, han, tujue et lite qui faisaient la navette, il y a 1 300 ans, dans le d?sert et la montagne enneig?e pour transporter des soieries ?l?gantes en bravant la mort et le danger.

Si on dit que l'introduction du bouddhisme indien en Chine a ?mancip? l'esprit des Chinois qui recevaient une ?ducation confuc?enne, la sinisation du bouddhisme a permis ? la culture chinoise de donner une nouvelle vigueur ? cette religion ?trang?re.

Selon le bouddhisme, les bodhisattvas doivent assister tous les ?tres vivants en danger. Ils tenaient compagnie aux bouddhas dans les premi?res grottes. Cependant, leurs fonctions d'assister tous les ?tres vivants en danger devinrent particuli?rement importantes durant le chaos caus? par les guerres sous les Sui, et les bodhisattvas ?taient alors particuli?rement respect?s. Sous la dynastie des Tang (618-907), Avalokite?vara devint le bodhisattva le plus important.

? l'?poque des Tang, on obtint de grands succ?s aux plans de l'art bouddhique sur la base des Sui. D'apr?s les 81 grottes de Dunhuang creus?es sous les Tang, on peut dire que ce fut l'?poque o? la capacit? d'expression artistique connut son apog?e. La composition grandiose, la vie ?l?gante, les constructions imposantes, les rues anim?es, les personnages de races diff?rentes, les hercules sont tous des produits de l'?poque des Tang. Les soldats quittant leur pays natal pour tenir garnison aux fronti?res esp?raient qu'Avalokite?vara, belle et charitable, puisse les b?nir, les ?couter et leur apporter un soutien moral. ? juste titre, tout ce contexte a fourni aux artistes une occasion de manifester leur talent artistique. Ils cr??rent des bodhisattvas levant la main, penchant un peu la t?te, comme s'ils ?taient en train d'?couter ou de demander. Il semble que les bouddhas encouragent les gens ? aimer la vie, ? n'avoir pas peur des difficult?s et d'une vie mis?rable, ? avoir le courage d'aller de l'avant.

Gr?ce ? l'ouverture de la route de la Soie, le bouddhisme indien a ?t? transform? en bouddhisme chinois en se combinant avec la culture du bassin des cours moyen et inf?rieur du fleuve Jaune. L'ouverture de la route de la Soie a apport? des changements directs et de grande port?e dans la vie du peuple.

Suivant la voie d'enrichir le pays, d?cid?e par l'empereur Wudi des Han de l'Ouest, les empereurs de toutes les dynasties apr?s les Sui ont continu? ? ouvrir la route de la Soie, ? d?velopper les territoires de l'Ouest, ? renforcer les ?changes entre la Chine et l'?tranger et ? faire prosp?rer le bassin des cours moyen et inf?rieur du fleuve Jaune. ? la fin de la dynastie des Sui, les marchands de l'Est et de l'Ouest nourrirent l'espoir de renforcer leurs ?changes. Pour satisfaire aux besoins de ces gens, l'empereur Yangdi envoya ? maintes reprises des envoy?s diplomatiques dans les territoires de l'Ouest, et il envoya aussi des commer?ants ? Wuwei et ? Zhangye pour faire du commerce avec les marchands venus de l'Ouest. Sous le r?gne de Daye des Sui, une trentaine de contr?es pr?sentaient alors leur tribut ? la cour imp?riale. En 609, l'empereur Yangdi et sa suite partirent de Chang'an, capitale d'alors, pour faire une inspection de six mois dans les territoires de l'Ouest. Il participa en personne ? la foire internationale, la premi?re dans l'histoire de la Chine, organis?e ? Ganzhou. Pour cette foire, l'empereur prit des dispositions sp?ciales et envoya des repr?sentants dans les territoires de l'Ouest afin d'attirer les marchands des contr?es occidentales. C'?tait une chose presque inimaginable dans la Chine antique. Gr?ce aux efforts de l'empereur, la foire obtint de grands succ?s. Cela permit ? Dunhuang de devenir un centre de distribution des marchandises de l'Est et de l'Ouest. Un grand nombre de produits chinois, tels les soieries, les outils en fer, les sculptures de jade, les laques et les bronzes ?taient export?s de l? vers l'?tranger, et des produits et des objets d'art en provenance de l'Asie centrale, de l'Asie de l'Ouest et de l'Europe, comme les l?gumes, les aromates, les pierres pr?cieuses, les colorants, le verre, les animaux, les instruments de musique, la danse p?n?tr?rent de Dunhuang sur le march? chinois.

Gr?ce ? la mise en service de la route de la Soie, la vie sociale des Tang connut un grand changement. Les coutumes, les v?tements, la coiffure, la danse et la musique des contr?es de l'Ouest firent leur apparition sur le territoire chinois et furent appr?ci?s de la cour et du peuple de l'?poque des Tang. Par exemple, les femmes d'alors pr?f?raient porter le chemisier ?troit import?, ? d?collet? profond laissant para?tre une partie de la poitrine, la jupe longue orn?e de motifs divers et un foulard de soie transparent. Dans la soci?t? f?odale, l'ouverture d'esprit et la magnanimit? des femmes ?taient un symbole d'une soci?t? ?clair?e.

Le degr? d'ouverture ? l'?poque des Tang et l'imposant spectacle d'un grand nombre de contr?es pr?sentant leur tribut ? la cour imp?riale en passant par la route de la Soie sont pratiquement inimaginables. Dans une grotte de Mogao, on peut voir une fresque montrant un bouddha au visage chinois enseignant un canon, et des princes venus d'autres contr?es qui l'?coutent attentivement. Nous pouvons ainsi ressentir profond?ment la dignit? et la tol?rance de la dynastie des Tang. D'innombrables personnes d'autres contr?es occidentales s'install?rent dans le bassin des cours moyen et inf?rieur du fleuve Jaune, et des princes et des nobles de ces contr?es devinrent des mandarins des Tang. Dans la grotte n? 220, nous pouvons voir une centaine de fonctionnaires des contr?es de l'Ouest adresser leurs plus chaleureuses f?licitations ? l'empereur Taizong lors de la f?te du Printemps. L'acceptation de la civilisation ?trang?re s'est concr?tis?e pleinement ? l'?poque des Han et des Tang.

Dunhuang est un tr?sor artistique o? sont combin?es les cultures chinoise et ?trang?re. Dunhuang est une grande sc?ne d'?changes culturels et une m?tropole attirant les Chinois et les peuples des territoires de l'Ouest.